Une analyse réalisée par SoSMinErals (Security of Supply of Mineral Resources) pour le Comité britannique sur le changement climatique estime que 265 000 tonnes de carbonate de lithium seraient nécessaires aux fabricants pour fournir des batteries innovantes NMC 811 afin que toutes les voitures et camionnettes britanniques soient électriques d'ici 2050 et que toutes les nouvelles ventes de ces véhicules soient uniquement à batterie d'ici 2035. Les véhicules de transport de marchandises sont exclus.

Les autres ressources métalliques nécessaires pour atteindre cet objectif de remplacement complet sont les suivantes : cobalt 208 000 tonnes, néodyme/dysprosium 7 200 tonnes et cuivre 2 362 000 tonnes. Le rapport conclut que "ces ressources métalliques ne sont pas suffisamment exploitées et raffinées dans le monde aujourd'hui pour que la Grande-Bretagne puisse atteindre ses objectifs de transition écologique au cours de la prochaine génération". En septembre 2021, la Grande-Bretagne comptait 32 millions de voitures et de camionnettes immatriculées. Le chiffre mondial est estimé à un milliard, soit un doublement en moins de vingt ans.

La Chine domine la production mondiale de minéraux essentiels à l'industrie manufacturière avec 60 % des éléments des terres rares et 45 % des minerais de type molybdène, mais elle a obtenu des concessions dans le monde entier, notamment pour le cobalt en République démocratique du Congo, le lithium en Australie, le platine et l'or en Afrique du Sud et divers éléments en Amérique du Sud. En comparaison, les États-Unis ont fermé un grand nombre de leurs mines et usines au cours des trente dernières années. En 1990, ils étaient les premiers producteurs mondiaux de richesses minérales ; aujourd'hui, ils occupent la 7e place et importent trente de leurs minéraux les plus utilisés.

C'est pourquoi les propositions actuelles pour l'exploitation et le raffinage du lithium et d'autres minéraux précieux détenus par le Portugal doivent être réexaminées de toute urgence afin de s'assurer qu'ils ne sont pas exploités par les prédateurs industriels voraces et les marchands de matières premières dont l'intérêt n'est que le profit pour eux-mêmes et non l'amélioration de la santé environnementale et économique de notre pays.

Même en supposant que les prospecteurs chinois réussissent dans leur recherche mondiale de nouvelles concessions minières et possèdent la logistique nécessaire pour déplacer littéralement des montagnes vers les centres de production, il semble très improbable que les objectifs ambitieux fixés pour la conversion à des véhicules entièrement électriques d'ici 2050 puissent être atteints. En outre, on ne s'est guère demandé d'où viendrait l'énergie électrique nécessaire pour recharger un milliard de batteries si l'on élimine progressivement les combustibles fossiles des centrales électriques. Les alternatives que sont l'énergie éolienne, l'énergie solaire et l'énergie hydraulique utilisent toutes les mêmes ressources minérales de plus en plus rares pour la fabrication de machines et d'équipements opérationnels et ont des périodes d'amortissement relativement courtes avant que des réparations ou des remplacements soient nécessaires. Elles ne sont pas "vertes" dans leur création, leur fonctionnement et leur retrait.

Ce qui s'annonce pour notre planète, ce n'est pas le début d'une troisième guerre mondiale, mais une deuxième paix froide dans laquelle la bataille portera sur la possession de ressources naturelles mais limitées et sur le pouvoir de prendre des décisions concernant leur utilisation bénéfique pour une partie seulement des huit milliards d'habitants de la Terre. La lutte qui s'ensuivra ne sera pas tant celle de l'idéologie (capitalisme contre communisme) que celle des systèmes et de ceux qui les contrôlent.

Les États-Unis continueront à être suprêmes dans leur gouvernance des marchés mondiaux de l'informatique et de la finance et pourraient étendre leur domination à d'autres États d'Amérique dont les dirigeants sont déjà contrôlés politiquement et commercialement, mais leurs nombreuses incursions dans les économies d'Europe et d'Afrique commenceront à s'essouffler à mesure que les alliances entre la Chine et la Russie (et peut-être l'Inde) progresseront sans relâche et s'étendront à ces territoires. En cas de conflit armé, comme en Ukraine, les sanctions imposées par les États-Unis dans les domaines de la finance, de la technologie et du divertissement seront efficacement contrées par le retrait des blocs opposés de l'exportation de ressources et de produits manufacturés. Par exemple, la Russie et la Biélorussie produisent ensemble plus de la moitié de la potasse mondiale.

En raison de ses richesses minérales convoitées, le Portugal a un rôle proportionnellement plus important à jouer dans la future économie européenne. Celle-ci doit être centriste dans sa conception et éviter les alliances militaires (comme l'OTAN) avec les blocs dominants et donc se consacrer à la protection de l'environnement et au progrès de sa culture au profit d'une population progressivement réduite.