Les mesures dévoilées par le chancelier Rachel Reeves augmentent les taxes sur les intérêts de l'épargne, les dividendes et les revenus locatifs, tout en ouvrant la voie à des réductions plus rapides et plus importantes des taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre.

Il n'y a pas à dire : les règles qui sous-tendent la richesse liée au Royaume-Uni ont changé.

Jake McLaughlin, directeur exécutif de deVere Portugal, qui fait partie du groupe deVere, géant mondial du conseil financier, et qui compte plus de 80 000 clients expatriés, estime que le budget marque un tournant pour les personnes qui détiennent des actifs britanniques à l'étranger.

"Il ne s'agit pas d'un changement unique qui peut être absorbé tranquillement", explique-t-il. "Il s'agit d'une combinaison d'impôts plus élevés, de rendements plus faibles et de pressions sur les devises, qui vont tous dans le même sens. Les résultats s'en trouvent rapidement modifiés.

À partir de 2027, l'impôt sur les intérêts, les dividendes et les revenus locatifs augmentera de deux points de pourcentage pour toutes les tranches. Les projections du Trésor montrent que, pour les hauts revenus, près de la moitié des revenus de l'épargne sera perdue pour l'impôt. Les revenus des dividendes, qui constituent depuis longtemps la pierre angulaire des stratégies d'investissement au Royaume-Uni, sont également touchés, car les rendements après impôt sont comprimés au moment même où l'on s'attend à une baisse des taux d'intérêt.

M. McLaughlin estime que les dégâts sont dus à l'interaction des politiques plutôt qu'à une mesure unique.

"L'augmentation des impôts pèse sur les revenus. La baisse des taux d'intérêt réduit les rendements futurs. Lorsque ces forces se combinent, l'effet cumulatif est important", explique-t-il.

"Les personnes qui continuent à considérer leurs actifs britanniques de manière isolée risquent de passer à côté de ce tableau d'ensemble.

Le budget a également modifié les attentes sur les marchés des changes. La livre sterling s'est affaiblie, les investisseurs tablant sur un ralentissement de la croissance britannique et sur une accélération probable des baisses de taux d'intérêt.

Pour les investisseurs vivant dans la zone euro, cette baisse se traduit directement par une diminution du pouvoir d'achat lorsque les revenus britanniques sont convertis.

"Les effets de change ont tendance à être ignorés jusqu'à ce qu'ils commencent à affecter les rendements réels", explique M. McLaughlin. "Une fois que le revenu est plus faible après impôt et encore plus faible après conversion, il devient impossible d'ignorer l'écart.

Il est important de noter que les retombées ne se limitent pas aux ressortissants britanniques. Les marchés d'actions, les pensions et l'immobilier britanniques sont largement détenus par des investisseurs internationaux qui se sont exposés plus tôt dans leur carrière ou qui en ont hérité par le biais de liens familiaux.

Nombreux sont ceux qui n'ont pas touché à ces actifs pendant des années, pensant que le cadre britannique resterait globalement stable.

Cette hypothèse semble aujourd'hui fragile.

Les portefeuilles d'actions britanniques à fort taux de dividendes sont confrontés à une difficulté évidente du fait de la baisse des rendements nets. L'investissement locatif devient plus difficile à justifier dès lors que les revenus locatifs sont plus lourdement imposés et que les coûts d'emprunt restent restrictifs en termes réels.

Quant aux dépôts en espèces, ils sont victimes de la baisse attendue des taux d'intérêt, au moment même où l'imposition augmente sur les modestes rendements qu'ils génèrent encore.

Selon M. McLaughlin, l'inertie est l'une des plus grandes menaces. "L'erreur la plus fréquente est de ne rien faire parce que le changement semble progressif", déclare-t-il.

"Toutefois, les changements politiques de ce type n'ont pas besoin d'être spectaculaires pour être préjudiciables. Ils érodent la valeur progressivement, trimestre après trimestre".

Le Portugal offre un point de vue utile sur la question, en raison du nombre de résidents ayant une exposition internationale.

Nombre d'entre eux vivent, dépensent et paient des impôts localement, tandis que leurs actifs restent soumis aux règles britanniques conçues pour les contribuables nationaux.

"C'est dans ce décalage que les problèmes apparaissent", explique M. McLaughlin. "Les actifs structurés en fonction d'un système fiscal peuvent avoir des performances très différentes une fois que l'on vit sous un autre système. Le budget creuse ce fossé.

La baisse des taux d'intérêt au Royaume-Uni peut soutenir les prix des actifs à court terme, mais M. McLaughlin met en garde contre la confusion avec la résilience à long terme.

"Les rallyes de soulagement du marché ne résolvent pas les problèmes structurels", déclare-t-il. "Le revenu est ce qui soutient les stratégies à long terme, et le revenu est ce que ce budget affaiblit.

Le contexte mondial ne fait qu'accentuer le contraste. D'autres juridictions rivalisent activement pour attirer les capitaux, en offrant un traitement fiscal plus clair des revenus d'investissement et des cadres politiques plus prévisibles.

Dans ce contexte, la trajectoire du Royaume-Uni, caractérisée par une fiscalité plus lourde et des rendements plus faibles, semble de plus en plus impitoyable.

M. McLaughlin estime que le choix du moment importe autant que la direction à prendre. "Les personnes qui revoient leur position pendant que des changements se produisent ont encore des options", déclare-t-il.

Pour aborder ces questions, deVere Portugal organise une session en ligne intitulée "What It Means for Your UK Assets in Europe" (Ce que cela signifie pour vos actifs britanniques en Europe).

"Le webinaire, qui aura lieu le mardi 2 décembre, est ouvert aux résidents portugais de toute nationalité qui détiennent des actifs britanniques et qui souhaitent comprendre comment l'environnement post-budgétaire pourrait les affecter.

Inscription ici : https://us06web.zoom.us/webinar/register/3717622601409/WN_GSxTCKmUQSCicL9JFu9cVQ

"Ce budget soulève de sérieuses questions", déclare M. McLaughlin. "D'où viennent les revenus, comment ils sont imposés et si les actifs fonctionnent toujours aussi bien que les gens le pensent. Ignorer ces questions aujourd'hui a un coût réel".

Alors que la Grande-Bretagne redéfinit ses priorités économiques, les conséquences s'étendent bien au-delà de ses frontières.

Pour tous ceux qui possèdent des actifs au Royaume-Uni, le budget a transformé des hypothèses de longue date en risques auxquels il faut faire face, directement et sans délai.


Par le journaliste de l'équipe